Eric Fabre, Mel Ramsden et Anne-Catheirne Caron, un soir de la fin du mois de mai, à Lisbonne, à proximité du Musée Berardo.
Le 31 mai 2010, invitée au Musée Berardo de Lisbonne par le grand collectionneur Eric Fabre, pour l’inauguration de l’exposition Algumas obras a ler/ Colecçao Eric Fabre où après avoir obtenu plusieurs jours auparavant l’accord enthousiaste de ce dernier ainsi que celui du conservateur de cette institution, Anne-Catherine Caron a exécuté une œuvre préalablement conçue à Paris, Un mot dans un carré de caron, qui consistait en la distribution discrète de petits carrés jaunes dans lesquels elle demandait aux invités d’inscrire un mot ou un signe de leur choix, pour la constitution d’une réalisation visant à réunir l’ensemble en vue d'une exposition en hommage au grand collectionneur.
Cette œuvre corporelle, à laquelle ont spontanément participé, en même temps qu’une centaine de personnes présentes dans le Musée Berardo, le collectionneur lui-même, son épouse, ses enfants, le critique Christian Schlatter, leurs amis, son assistant Joël Audebert, Carlotta Cernigliaro, ainsi que nombre d’artistes présents, tels Michaël Baldwin et Mel Ramsden (Art&Language), Braco Dimitrijevic, de même que plusieurs de nos grands camarades du groupe lettriste, Alain Satié, Broutin et Roland Sabatier qui ont tous accueilli avec sympathie cet événement qui, en aucune manière, n'a dérangé ou troublé le vernissage.
Un autre lettriste présent, Jean-Pierre Gillard, dédoublé en la personne de Jim Palette, signataire du « Blog du Lettrisme » a alors déclaré vouloir réfléchir à sa coopération qu’il n’a finalement jamais remise à l’auteur.
Or, c’est justement ce dernier qui, dans son support « journalistique » virtuel, précisément le 18 juin, sous le titre Le Mystère éthique ou la Jurisprudence Caron, réinterprète et dénature le sens et les moyens de cette action pour en faire un « cas de jurisprudence », en arguant du fait, par une accusation injuste fondée sur des faits qu’il n’a même pas pris la peine de vérifier, qu’Anne-Catherine Caron s’est introduite « à (sic) force dans une exposition extraordinaire préparée par le plus grand ami des lettristes pour laquelle elle n’a pas été retenue ». De là, il tire hâtivement la conclusion que le « code éthique jusqu’ici largement partagé entre nous » aurait été enfreint et aboutit à l’idée saugrenue que, à partir de son constat, toutes règles entre lettristes seraient désormais abolies – y compris, semble-t-il, les règles les plus élémentaires de la politesse, et que chacun pourrait dès lors agir à sa guise n’importe où et n’importe comment (?).
Ces allégations malheureuses et irréfléchies, données pour la résultante d’une vigilance exemplaire, s’achèvent par la question de savoir ce que faisait le groupe de klado-vigilance qui, insinuant son parti pris, aurait laissé cette artiste se produire en marge de la manifestation lisboète, alors que ce comité, représenté sur place par son créateur Roland Sabatier, a justement constaté que les moyens mis en œuvre par cette camarade féminine, totalement approuvés par les organisateurs, était légitimes, qu’ils ne nuisaient aucunement à l’intégrité de l’exposition où ils s’inséraient et à laquelle, finalement, elle apportait une dimension enrichissante.
Par contre, ce même comité, qui assume aussi un rôle de conciliation, a observé que la présence de ce camarade lors de cette même soirée du vernissage a sans doute été beaucoup plus remarquée et, plus encore, se demande, tout en le déplorant, comment un lettriste peut en arriver à manquer aux lois les plus élémentaires du droit, en diffamant publiquement et sans raison une artiste de son groupe.