samedi 30 mars 2019

LE CINEMA DE ROLAND SABATIER AU CENTRE POMPIDOU


LE CINÉMA DE ROLAND SABATIER AU CENTRE POMPIDOU
MERCREDI 17 AVRIL, A 19H, CINÉMA 2 (NIVEAU -1)
SÉANCE INTITULÉE "QUELQUES DÉSORDRES" AVEC LA PRÉSENTATION DE CINQ FILMS SUIVIE D'UN DÉBAT EN PRÉSENCE DE ROLAND SABATIER.
FB AC Caron
Programme :
- "Contre les charlatans du cinéma", 1969, film infinitésimal, durée variable. Tous les rires que vous manifesterez aujourd’hui et à l’avenir devront vous conduire à imaginer de multiples images, les différents sons et tous les montages possibles et impossibles d’un film hilarant critique et méprisant à l’égard des charlatans de l’art cinématographique du monde entier.
-"Le Songe d’une nudité", 1968, film ciselant 16mm (numérisé), nb/coul, son, 19 min. Ce film est essentiellement composé de longues séquences de pellicules détournées, altérées et en partie abrasées, et entrecoupées de brefs passage de manifestations en faveur du Soulèvement de la jeunesse tournés dans Paris et de négatifs montrant un personnage aux prises avec une attente vaine. Outre la destruction des filmages, son intérêt principal réside dans la proposition d’une bande sonore qui est, elle-même, mise en abîme au point de ne plus laisser subsister que quelques phrases, desmots détachés ou des syllabes séparées rendant celle-ci en partie mutilée. « Discrépant, ciselé et narquois, le Lettrisme au service de la subversion esthétique ». J. P. Bouyxou
- "Hommage à Buñuel," 1970, film hypergraphique polythanasé, sans pellicule, réalisé en public par l’auteur. Durée indéterminée. Le cinéaste raconte au public ce que sera son film qu’il est sensé présenter en donnant des précisions sur le contenu du son et de l’image. La fin, inattendue, sera sans doute décevante pour le public, mais heureuse pour l’évolution du cinéma moderne.
- "Evoluons (encore un peu) dans le cinéma et la création", 1972, film hypergraphique partiellement polythanasé, aprox. 24 min. Sur des images banales visant à illustrer potentiellement un aperçu des thématiques envisagées par le cinéma passé, ce film hypergraphique, enrichi de ‘’relief discrépant avec ballons peu variés’’, propose dans la bande sonore la description minutieuse de l’ensemble des signes qui au lieu d’être inscrits sur les images sont ainsi donnés en dehors d’elles. Au spectateur d’assurer mentalement la jonction de ces deux expressions. Pour Isidore Isou (dans le revue 7e Art, n°3, 1983), la bande-son de cette réalisation‘’nous laisse espérer une espérer une existence faire de simplicité édénique, mais inabordable dans le dépassement du texte des nombres, symboles des relations qui nous emprisonnent. Ce film ouvre de hautes possibilités de développement de d’épanouissement."
-"Mise en place de rires justes sur une société injuste", 1985, film infinitésimal, réalisé en public par l’auteur. Durée 28 min (aprox.). Des contrepèterie entrecoupées de rires et adaptées aux célébrités de l’époque sont offertes comme de simples tremplins à la conception mentales des images, des plans et des sons virtuels situées au-delà de toutes les beautés concrètes. Insolite et forcements désopilant !


Artiste interdisciplinaire à l’oeuvre protéiforme, Roland Sabatier (1942 -) rejoint le groupe lettriste en 1963 à la suite de sa rencontre avec Isidore Isou à la Biennale de Paris. Réalisateur de plusieurs dizaines de films, Sabatier développe un cinéma novateur interrogeant sans cesse les limites de sa
définition et de son exposition. Séance organisé en écho à l’exposition « Isidore Isou » (Galerie du musée, 4e étage, du 6 mars au 20 mai 2019), en présence de Roland Sabatier

Roland Sabatier (né à Toulouse, le 23 juillet 1942) est un artiste et auteur pluridisciplinaire français appartenant au groupe lettriste qu’il rejoint en 1963, à la suite de sa découverte de ce mouvement lors d'une manifestation d'Isidore Isou à la Biennale de Paris. Après des études à l’École supérieure des beaux-arts de Toulouse et de Grenoble, il poursuit sa formation à l’École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre (ENSATT) de Paris. Créateur des "Publications Psi", en 1963 et des "Éditions Lettrisme et Hypergraphie" (ELH), en 1966. Cocréateur et animateur en 1966 du Café-Théâtre de l’Echiquier, Roland Sabatier entre en 1970 dans la société des Éditions Georges Visat dont il deviendra le Directeur-gérant en 1977. A cette époque, il débute un doctorat d'État sous la direction d'André Veinstein avec pour sujet de thèse "Les destructions internes et externes de l'art". Il est l’auteur du "Catalogue raisonné de l’oeuvre gravé de Roberto Matta" (Éditions Sonet-Visat, Stockholm, 1975) et publie régulièrement de nombreux ouvrages et romans.

Remerciements : Roland Sabatier, Anne-Catherine Caron, Nicolas Liucci-Goutnikov et Diane Toubert.
Conçu comme un espace critique, « Film » prend la forme de séances thématiques ou monographiques, de cartes blanches et d’invitations proposées à des intervenants d’horizons divers susceptibles de jeter un regard nouveau sur l’histoire et les pratiques du cinéma non commercial. Programme détaillé sur www.centrepompidou.fr

Crédit photo: Roland Sabatier, Le film (n’)est (plus qu’)un souvenir, 1975 (détail) © Courtesy Roland Sabatier

Contact : film@centrepompidou.fr

Billetterie : http://www.cinemadureel.org/…/12/18/les-lieux-et-les-tarifs/

Retrouvez les films de la collection à l'espace Collections vidéos, Films, sons (accès niveau 4).

jeudi 21 mars 2019

ISOU A POMPIDOU ET CONSTELLATION LETTRISTE




UNE CONSTELLATION LETTRISTE
Isou, Dufrêne, Lemaître, Wolman, Debord, Sabatier, Satié, Broutin, Caron.
A l'occasion de l'exposition Isidore Isou au Centre Georges Pompidou (6 mars - 20 mai 2019), saluons l'initiative, à la Galleria Entr'acte (Gênes, du 20 mars au 24 avril) de Sandro Ricaldone qui, sans relâche, soutient les activités du groupe lettriste, en participant notamment à de nombreux événements comme celui qui eut lieu à Turin, en 2014, en collaboration avec l'Alliance Française de Turin, "Les Avant-Gardes et le Lettrisme entre la France et Turin”, organisée en hommage à l'historienne du Lettrisme, Mirella Bandini au Circolo dei Lettori (commissaire AC Caron).

FB https://www.facebook.com/Anne-Catherine-Caron-362762160736360/

dimanche 10 mars 2019

ISOU ET AMOS OU LA METAGRAPHIE






















Légende : Isidore Isou, en 1953, dans son film, "AMOS OU INTRODUCTION A LA MÉTAGRAPHOLOGIE".
EXPOSITION ISIDORE ISOU au CENTRE GEORGES POMPIDOU du 6 mars au 20 mai 2019
(…) Mais cela ne sera qu’un début. L’année suivante, en 1953, avec le film hypergraphique prophétique, "Amos ou Introduction à la métagraphologie", il inscrit cet art dans une nouvelle révolution. A son sujet il précise que « Le cinéma (image et son) restera comme imprimerie mais ses éléments ne pourraient continuer à vivre que par la transformation du sens de leurs signes, épuisés dans leur signification ordinaire. (…) je crois que l’avenir du cinéma, comme celui de toutes les représentations esthétiques figées ou vivantes, ne peut aboutir qu’au Temple Métagraphique, le foyer de renouvellement des signes. Le cinéma sera alors une des formes du roman inédit ». Les images de cette oeuvre en sont la preuve. Ce sont des photographies rehaussées de multiples signes colorés peints à la gouache qui ont été disposées « pour composer un sketch (très court) en soi : après une vue sur la chambre de l’auteur, on voit celui-ci en train de se peigner, sortir dans la rue et rencontrer deux amis avec lesquels il se dirige vers les arcades de la Place Saint-Michel. Le Sketch publié rejoint ainsi le film métagraphique qui préoccupe l’auteur en ce moment. » Ces hypergraphies mises en scène sur le papier campent les « extérieurs », le décor mythique des évolutions quotidiennes de l’inventeur de la poésie alphabétique dans le Quartier Latin de la grande époque de son "Traité de Bave" et celui qu’il décrit aussi dans "Je vous apprendrai l’amour". Les clichés de son lit abandonné et de lui-même se recoiffant devant le petit miroir d’une chambre de bonne évoquent toutes les aventures intellectuelles et pratiques auxquelles l’auteur de La Mécanique des femmes se livrait alors. C’est donc, également, une tranche du vécu du cinéaste visionnaire. 
Si, dans "Les Journaux des Dieux", Isou avait intégré tous les caractères passés, présents et à venir, la calligraphie, tous les genres de mystères visuels et les rébus, avec Amos, il poursuit l’élargissement de la forme esthétique de la communication visuelle par l’introduction, notamment, de la photographie, des différentes possibilités de l’impression superposée, de la reproduction sonore, du cinéma et de l’architecture. Un intérêt supplémentaire de la bande-son réside dans le fait que l’auteur étudie d’une manière particulière la relation entre les arts et les sciences et, pour l’esthétique, la délimitation précise de l’exactitude et de l’harmonie. Il fonde également la nécessité d’établir pour l’écriture nouvelle, l’apport d’une morphologie, d’une syntaxe et d’une grammaire inédites. 
Mais, presque au-delà de cette somme d’inventions, dans l’évolution inévitable vers son immobilisme, le cinéma prend également la forme apparemment ancienne, mais transmuée, de ce qui n’était qu’un livre avec des « images », pour devenir un film à part entière. 
Anne-Catherine Caron, Panoramique sur quelques œuvres de l’anti-cinéma lettriste, 2009, "L’Anti-cinéma lettrisme, Ed Zero Gravità, Sordevolo.