dimanche 29 décembre 2024

VILLA TAMARIS (petit a)

 

JOURNAL AC.CARON OCTOBRE 2010

"(…) Grosse manif du côté de la Place d’Italie.

Une bonne clameur juvénile qui enivre un peu. C’est la foule, à défaut du Soulèvement de la jeunesse. Mais c’est la jeunesse qui manifeste contre une énième réforme inutile de l’Education nationale ou sur les retraites. Les prof. sont avec eux.

Roland m’appelle car je dois le rejoindre ce soir pour continuer les préparatifs sur place. Je dois m’occuper des vitrines et ne pas oublier un tiré à part de la couverture de Roman à Equarrir.

Roland me dit encore, toujours non loin de cette effervescence stimulante qui me fait tendre l’oreille, que c’est une exposition, juste, équilibrée, celle qui respecte les apports de chacun, en fonction aussi, de ce qu’ils ont répondu… car il y a eu des lenteurs, cette-fois-ci aussi.

Catherine Goldstein a confirmé sa venue par mail avec son compagnon. Roland est content de l’apprendre et moi aussi de leur venue. (…).

Quant à l'absence de L., Roland et moi l’avons regretté. Cela s’est passé par le biais d’un intermédiaire, comme souvent en la matière. 

Un retour sur un différent ancien datant du début des années 1980 comme l'indique Sabatier dans l'ouvrage-catalogue de l'exposition (QUELLE EXPOSITION POUR LE LETTRISME - Entretien de Philippe Blanchon avec Roland Sabatier, p 32).

Le soir du vernissage. Une personne n’avait pas ses lunettes, mais quoi qu’il en soit, certains s’imaginent qu’il y a plusieurs lettrismes, des histoires à dormir debout qui ont la peau dure pour ceux qui se l’imaginent. Sabatier répond que ces gens-là ne comprennent rien à la création. Nous sommes dans une cour dans le sens propre et figuré. (…)"

Acc octobre 2010.

Hors Journal :

Merci pour le cartel qui rend justice à Sabatier dans la Salle 36 du Centre Pompidou.

 

 

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Suite : extrait de « Entretien avec Anne-Catherine Caron sur l’exposition de la Villa Tamaris, 2018.

Anne-Catherine Caron. – Je voudrais revenir sur l’exposition « Lettrisme : vue d’ensemble sur quelques dépassements précis », organisée au Centre d’Art  la Villa Tamaris dont tu étais le commissaire. (...) Peut-on, aujourd’hui, en dresser le bilan et considérer qu’à maints égards, notamment à celui de son imposant catalogue, il s’agissait là l’une des expositions les plus importantes que le lettrisme ait jamais connue ?

Roland Sabatier. – J’ai compris très tôt que, notamment pour un groupe d’avant-garde, il n’y a pas de petites expositions et que même la plus modeste devait s’organiser en pensant qu’elle est la plus importante*. La discrète exposition Dada, de 1924, à la galerie Montaigne reste, du moins sur les documents qui nous sont parvenus, bien plus émouvante que l’immense manifestation organisée récemment à Beaubourg où, à avoir voulu intégrer tout ce que ce groupe comptait à l’origine, on finissait par ne plus comprendre la réalité et les buts de cette école qui a mis du temps à être reconnue. Bien sûr, le résultat varie selon que la manifestation est hébergée dans un lieu étroit ou dans d’immenses salles multiples, dans une galerie privée ou dans un espace muséal. Dans tous les cas, la prise de conscience de son importance peut survenir immédiatement et parfois bien plus tard. L’existence d’un catalogue est également déterminante pour son avenir. Enfin, tout dépend également de ce que l’on montre.

Longtemps, dans le groupe lettriste, les expositions collectives représentaient des armes de propagande et de combat et, souvent, il suffisait à l’initiateur de demander à chacun des participants d’apporter deux ou trois toiles qui étaient disposées souvent n’importe comment sur les cimaises. Du point de vue de la mise en valeur des œuvres ce n’était pas toujours une réussite. Même en dehors de ces cas extrêmes, il serait arbitraire et sans doute impossible de procéder à des comparaisons. Cependant, j’ai le souvenir de quelques installations passées d’importance, comme celle de la galerie Inter-Art de Lyon, organisée par Patrick Alton en 1974, celle de Marcel Fleiss en 1988 en sa galerie 1900-2000, ou de la galerie LeChanjour de Nice, en 1988-1989, qui, à leur avantage, disposaient de plusieurs grandes salles. Sur un plan différent, c’était le cas également de la présentation du Lettrisme à la Biennale de Venise en 1993, dont j’étais moi-même le concepteur et le commissaire, mais sans doute y en a-t-il d’autres.

Si l’exposition de la Villa Tamaris a un intérêt, il réside certainement dans le fait que je me suis attaché à sélectionner chez chacun des artistes présentés les œuvres, sans doute en fonction de paramètres multiples, mais avant tout et impitoyablement au nom de ce qui, à mon sens, permettait à chacun d’être représenté par ce qu’il avait accompli de plus original. La configuration des salles de ce centre d’art tient probablement une grande place dans le succès de l’exposition du fait même que son directeur, Robert Bonaccorsi, a approuvé ce choix et qu’il m’a donné la possibilité d’assigner systématiquement à chacune des œuvres des cimaises distinctes sur lesquelles elles étaient isolées et donc parfaitement mises en valeur et lisibles.

Mais si la détermination à laquelle tu veux me conduire se doit de demeurer sans réponse, il n’en est pas de même pour le catalogue qui, lui, au regard du nombre de pages, de la quantité et de la variété d’œuvres reproduites chronologiquement, des textes importants qui y figurent, reste une somme informative et pédagogique qui, du moins à ma connaissance, n’a jamais eu son équivalent dans le passé – enfin, c’est ce que l’on me dit et que je crois. (…)

* Tout dépend aussi de son organisateur, c'était me semble-t-il le sens du propos de Sabatier. (notes, décembre 2024). 

Entretien et Journal, Archives AC. Caron

Reproduction : Vue d'une des salles de la Villa Tamaris, lors de l'exposition du du 23 octobre au.28 novembre 2010). Crédit photo: inconnu, Archives AC. Caron